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Pour cette chronique :


Une trilogie littéraire émouvante signée Jean-Paul Tessier

La déportation des homosexuels : une honte pour l'humanité :


-Les oubliés de la mémoire, Jean Le Bitoux, éd. Hachette Littératures, 2002
-Moi Pierre Seel, déporté homosexuel, éd. Calman-Lévy, 1994
-La déportation des homosexuels, Onze témoignages, Allemagne 1933-1945, Lutz Van Dijk, éd. H&O, 2000







Une trilogie émouvante signée
Jean-Paul Tessier



Jean-Paul TessierFrançois, le rêve suicidé fut le premier roman d'une trilogie à saveur gaie que Jean-Paul Tessier a publié en 1986. Ensuite, l'auteur a rédigé deux autres romans où l'on retrouve les personnages, les lieux et les préoccupations sociales qui animent Jean-Paul Tessier. Soulignons que cette trilogie n'aborde pas seulement la question gaie, mais également les relations familiales, les jeunes blessés par la vie, les problèmes reliés à la consommation de drogues, le suicide, la détresse des adolescents… et d'autres nombreux thèmes profondément humains que l'auteur traite avec habileté. Brillamment écrit, la trilogie de Tessier touchera les lecteurs par l'émotion qui s'y dégage et par la sagesse qu'on peut y puiser. Pour en savoir davantage, je me suis entretenu avec l'auteur, Jean-Paul Tessier.


RC - Peut-on qualifier ces écrits comme une trilogie constituée de romans gais ?


Jean-Paul Tessier (JPT) - Je pense que non, l'étiquette « gai » réduiraient ces romans au niveau de romans à thèse. Le genre romanesque dépasse de beaucoup cet objectif aussi relevé soit-il de thèses politiques ou psychosociales. La création d'atmosphère très intense qu'on y découvre et l'inspiration de faits vécus n'empêchent pas l'intérêt et l'enrichissement que peuvent y trouver des lecteurs non gais épris de bonnes lectures.


RC - Qu'est-ce qui vous a inspiré pour écrire le roman François, le rêve suicidé ?


JPT - Je me suis inspiré du suicide d'un de mes étudiants. Quand je l'ai vu avec un oeil au beurre noir en classe un matin du mois d'octobre parce que frappé par son père, j'ai décidé que ma paix et ma tranquillité passeraient après mon respect pour un enfant. Et la guerre contre les préjugés, les déséquilibres d'êtres aussi asociaux que son père et sa belle-mère, les autorités uniquement préoccupées par le vernis et les apparences, a débuté. Je savais dans quoi je m'embarquais, car je connaissais la férocité des différents pouvoirs en place pour m'y être colletaillé déjà à quelques reprises.

Le suicide de cet adolescent a hanté mes nuits et m'a amené aux portes de la dépression. J'ai alors décidé d'écrire parfois mes émotions trop fortes, et à la fin, j'en ai fait un livre non prévu au point de départ. Manière de survie.


RC - Vous avez poursuivi l'histoire de François avec deux autres romans Francis, l'âme prisonnière et Michel, le grand-père et l'enfant. Qu'est-ce qui vous a motivé à rédiger cette trilogie ? Pouvez-vous nous résumer le récit de ces deux livres ?


Trois mois après la mort de François, son fils naissait. Je l'ai appelé Francis, du nom d'un autre de mes étudiants qui s'est suicidé à cette époque. J'ai écrit son histoire de son fils victime de son grand-père qui avait forcé François à coucher avec le femme lubrique du voisin. Et victime de cette femme mariée qui exigeait que Francis continue de coucher avec elle et travaille gratuitement sur sa ferme.

Tout ce que je viens d'écrire n'est pas le fruit de mon imagination, mais reflète la stricte réalité vécue par François et par moi.

Ensuite, je me suis inspiré des nombreuses expériences racontées par des ados qui m'ont toujours consulté et confié leurs secrets d'êtres déchirés par des pseudo parents, par les préjugés, la drogue, la violence et le suicide. En particulier, s'y trouvent décrits de larges pans de vie de deux personnes encore vivantes aujourd'hui. Leurs cicatrices sont toujours visibles.


RC - Vous semblez être sensible aux difficultés que vivent les jeunes, d'où vient cet intérêt ?


JPT - J'ai toujours prêté une oreille attentive aux difficultés des jeunes sous ma responsabilité, puis à celles de leurs amis. C'était mon engagement d'éducateur. La discrétion, un peu de psychologie et beaucoup d'empathie m'ont permis d'entendre des horreurs qui finissent par laisser des marques. Enfin, mon vécu personnel n'y est pas étranger.


RC - Comment peut-on se procurer vos ouvrages ?


JPT - Mes romans sont disponibles sur demande dans les librairies, ou plus facilement, chez moi, aux Éditions de la Paix. Le plus simple est peut-être de les commander dans Internet www.editpaix.qc.ca On peut consulter aussi une longue présentation de mes romans dans :

http://felix.cyberscol.qc.ca/LQ/auteurT/tessi_jp/oeuvr_jp.html

RC - Y a t-il un message que vous voulez transmettre aux lecteurs du site Le Marginal ?


JPT - Garder les yeux ouverts, l'oreille attentive et le coeur disponible. Beaucoup de François et de Francis courent nos rues, et peu de Michel y consacrent leur vie. Michel, le grand-père et l'enfant donne un bel exemple d'engagement auprès des jeunes en général et des gais en particulier. En deux grands tableaux, on y présente deux familles, l'une qui contrôle sa consommation de drogues et qui accepte la réalité de l'orientation sexuelle, et l'autre famille qui se soumet à la drogue et refuse sa sexualité réelle. Les conséquences sont frappantes.

RC - Merci Jean-Paul Tessier. N'hésitez pas à commander les oeuvres de cet auteur imprégné de douceur et de tendresse. Ses romans vous emballeront !



Richard Chartier

Vous trouverez d'autres critiques de livres de Richard Chartier sur le site internet du magazine RG : www.rgmag.com



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La déportation des homosexuels: une honte pour l'humanité!




L'Histoire dissimule des faits, parfois même des évidences et lorsque dévoilés, nous ressentons de la colère, nous ne pouvons comprendre pourquoi des sociétés ont occulté une vérité historique. En abordant la question de la déportation homosexuelle, je n'ai pu faire autrement que d'être enragé contre un bon nombre de personnes et d'institutions : le peuple, le gouvernement, les universitaires, les historiens et la communauté gaie aussi.

L'explication de l'avènement du nazisme en Allemagne a suscité jusqu'ici beaucoup de débats historiographiques. Cependant, la création des camps de concentration pour éliminer les "indésirables" désignés par le régime hitlérien ne fait aucun doute, la reconstitution des faits et les témoignages ont démontré l'ampleur de ce que certains ont appelé le sommet de la déshumanisation, de l'horreur et de l'impensable dans toute l'histoire de l'humanité.

Pourtant, après la Seconde Guerre mondiale, des victimes des camps de concentration, parmi ces "indésirables", ont été oubliées. Ainsi, la mémoire des tsiganes, des témoins de Jéhovah et des homosexuels persécutés par le régime hitlérien ont été récemment reconnus officiellement par les gouvernements français et allemand. Ces mémoires dérangent comme le constate les auteurs des trois ouvrages que je vous propose de lire sur ce sujet:

-Les oubliés de la mémoire de Jean Le Bitoux, éd. Hachette Littératures, 2002, 291 p.

-Moi Pierre Seel, déporté homosexuel, éd. Calman-Lévy, 1994, 202 p.

-La déportation des homosexuels, Onze témoignages, Allemagne 1933-1945, Lutz Van Dijk, éd. H&O, 2000, 156 p.

Ces ouvrages nous donnent la mesure du combat incessant de certains gais, victimes des camps de concentration ou militants convaincus, afin d'éviter de tomber dans l'oubli et renverser la tendance négationniste de l'histoire. Je dis bien certains gais car ce qui est désolant dans toute cette longue bataille, c'est que le mouvement gai a été long avant de se mobiliser entièrement et courageusement pour la reconnaissance de la déportation homosexuelle. Cette attitude peut paraître curieuse lorsqu'on sait que les victimes des camps de concentration toujours vivantes de nos jours (heureusement puisque sinon on se demande comment on aurait pu rétablir la vérité historique…) ont été obligés de retenir leur souvenir les plus atroces (tortures de toutes sortes, humiliation, etc.) pour eux car après la guerre l'homosexualité était interdite. En témoignant publiquement à cette époque d'avoir été interné dans les camps nazis pour homosexualité (les homosexuels étaient identifiés par le triangle rose), cela les entraînait derrière les barreaux, donc un silence imposé par l'homophobie ambiante. Ne rien dire équivaut à ne pas être indemnisé comme victime de guerre.

Ce n'est qu'à la faveur de la naissance du mouvement de libération gaie que certains ont commencé à soulever la question, d'abord sous le couvert de l'anonymat puis au grand jour comme l'a fait courageusement Pierre Seel. Le dossier fut porté par des gais convaincus que cette mémoire devait être reconnue et les victimes indemnisées comme Jean Le Bitoux qui inlassablement depuis de nombreuses années a travaillé avec acharnement pour la cause. Certains acteurs sociaux ont persisté à nier l'existence de déportés homosexuels: les associations de déportés et d'anciens combattants et le gouvernement français par exemple. Selon eux, il n'y avait pas de preuves ni de faits historiques qui appuyaient les affirmations des déportés homosexuels. La recherche scientifique de la Fondation pour la mémoire de la déportation apportera les éléments nécessaires pour rétablir la vérité historique en 2001, soit 56 ans plus tard! Pierre Seel, dans le film "Pink Triangle" (Telling Pictures production, A. Rob Epstein/Jeffrey Friedman Film, Berlin, 27 avril 1999, 50 minutes, un film qu'il faut absolument voir si vous n'avez pas le temps de lire les ouvrages, il existe une version avec sous-titre français) déclarait que c'est une honte de l'humanité, je suis d'accord avec lui.

Comment en effet les gouvernements, les associations de déportés, les historiens ont-ils pu, sans avoir honte, renier ce que l'histoire pourtant apportait comme preuve irrémédiable sur l'arrestation d'hommes français et allemands pour homosexualité et déportés dans les camps de concentration avec un triangle rose sur leur habit de prisonnier, les documents allemands démontrant clairement qu'un triangle rose signifiait "homosexuel" ? Comment ont-ils pu être aveuglés par leur homophobie au point de ne pas avoir constaté que des milliers d'homosexuels ont été tués dans les camps de concentration ? Comment peut-on analyser l'attitude des peuples français et allemands (et les autres pays européens mais ici il s'agit de cas qui touchent la France et l'Allemagne, on peut penser aux Polonais, aux Russes, etc.) après la guerre qui ne voulait absolument rien savoir d'un proche qui avait été interné dans les camps de concentration pour homosexualité si ce n'est que la plupart des gens avaient honte ? On ne peut s'imaginer la profonde souffrance de ces rescapés des camps nazis, incapables de se confier à un proche, de se libérer de cette monstrueuse expérience. Oui, une honte pour l'humanité.

Je vous invite donc à lire les ouvrages sur la déportation des homosexuels, pour apprendre de l'histoire, pour s'éveiller aux dangers qui nous guettent car à l'heure actuelle où revendiquer des droits signifient pour bien des gais pouvoir baiser et s'envoyer en l'air sans d'autres préoccupations, peut-être que d'élever leur niveau de conscience leur fera du bien, un peu de connaissance n'a jamais fait de tort à personne. L'Histoire nous enseigne qu'il n'y a jamais rien d'acquis et que des droits peuvent en tout temps être bannis. Il faut rester vigilant. Pierre Seel, Jean Le Bitoux et Van Dijk nous le rappelle. Le message sera t-il entendu ? Ou ferons-nous comme les gais de l'époque d'avant-guerre qui ne voyait pas en Hitler un ennemi ni une menace pour eux ?



Richard Chartier

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 Une trilogie littéraire émouvante signée Jean-Paul Tessier

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-Seconde entrevue exclusive avec l'auteur Didier Godard
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-De Superbes Agendas, Éditions Broquet
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-Comédie de Moeurs Légères: "La nuit des reines", Michel Heim
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-Entrevue : MANIGANCES, Roman pour adultes, Denis-Martin Chabot
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-Les fleurs sauvages du Québec, Tome I et II, Lise Daigle et Pierre Daigle
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-Samuel de Champlain, Père de la Nouvelle-France, F. Légaré
-Antoine Labelle, L'Apôtre de la colonisation, Pierre Couture
-Revue: Fleurs, plantes, jardins
-Revue: Sélection du Reader's Digest, Avril 2003
-Rencontre avec l'auteur Pierre Salducci
-Histoire de guerre
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-Récit : Du fond de ma cabane, Éloge de la forêt et du sacré, Jean Désy
-Roman : Un amour de Salomé, Linda Leith
-Roman : Ring, Normand Cazelais
-Roman : La Porte du soleil, Elias Khoury
-Revue : Avant/Après : les secrets des plus belles Salles de bains
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-Littérature gaie : « Le couple homosexuel et le droit », Flora Leroy-Forgeot et Caroline Mécary
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