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Yves Gauthier




Par Yves Gauthier
Politologue
Dramaturge théâtre gay de Québec
Septembre 2003


Le bras de fer qui oppose les tenants et les opposants du droit au mariage entre personnes homosexuelles arrive à point nommé dans un tournant historique du monde moderne. L'homosexualité étant un état de fait, non pas un choix, les personnes homosexuelles doivent jouir de toutes les protections garanties par la Chartre canadienne des droits et libertés dont peuvent se prévaloir l'ensemble des citoyen(ne)s. Mais il semble que certains individus, groupes ou organismes ne voient pas les choses du même œil.

Tant mieux s'il y a débat! Nous pouvons ainsi savoir à quelle enseigne logent ceux et celles qui se prononcent sur la question. C'est dans des situations de crise que les masques tombent et que les vrais visages apparaissent.

Trois arguments de base reviennent constamment comme un monotone mantra dans les propos des opposants du droit au mariage entre personnes de même sexe: la loi naturelle, la volonté de Dieu et la stabilité sociale. Malgré les contorsions littéraires de toutes sortes, force est d'admettre que le jupon de l'homophobie dépasse invariablement de la robe des propos tenus. La phrase suivante résume bien leur façon de dire: " …on pense que parce que le mariage [étant] une notion universelle basée sur la loi naturelle, il ne [peut] être sujet d'une législation qui viendrait le modifier…non pas par mépris des gais et lesbiennes, mais simplement parce qu'une institution aussi fondamentale pour la société ne peut être modifiée, même pour satisfaire les désirs les plus profonds d'un petit groupe de personnes." (1)Le vernis de la sémantique ne peut cacher l'incommensurable mépris affiché (malgré les nombreux démentis officiels) vis à vis des homosexuel(le)s. D'un seul coup de plume on dit que les homosexuels n'étant pas issue de la nature ne sont pas des personnes comme les autres; qu'ils ne forment qu'une petite minorité quasi insignifiante; et en sous-entendant que le mariage dépasse la volonté humaine, ce dernier est donc une institution divine irréformable. C'est à se demander sur quelle planète ces gens vivent et où ils vont chercher leurs informations! Évidemment, ils se gardent bien d'appuyer les prémisses de leurs arguments par des références scientifiques, historiques ou anthropologiques vérifiables. Au mieux on se réfère aux écrits bibliques. Comme si l'univers n'avait pas 15 milliards d'années! Que l'intelligence et l'histoire humaines n'existaient que depuis quatre mille, deux mille, mille cinq cent ou même quatre cent ans au lieu des 5 millions d'années reconnues par les chercheurs!!!

Alors c'est dire comment leurs propos peuvent être filandreux, fallacieux, déformants, voire même carrément mensongers.



La loi naturelle



Dans le règne animal la copulation sert exclusivement à la survie de l'espèce. Dire que la finalité du mariage est de même nature c'est ramener l'humain au niveau de l'animalité. Le mariage ou son équivalent est l'exception dans la nature sauvage. De plus, à ce jour, les chercheurs on découvert quelque 300 espèces animales pratiquant couramment l'homosexualité.(2) Posons-nous la question: est-ce que les homosexuel(le)s viennent d'une autre planète? Est-ce que les homosexuel(le)s n'ont pas été engendrés par deux personnes hétérosexuelles au moyen d'une mécanique naturelle? Ne pouvant attaquer de front un point de droit fondamental, on fait dévier la discussion (car de réflexion libre il y a peu de leur part) sur une fausseté aussi insignifiante que l'immoralité et l'illégitimité de l'homosexualité. Sans preuves aucune, les tenants homophobes de la non légalisation du mariage entre personnes de même sexe, induisent (sciemment?) les autres en erreur.

Quand on martèle que le mariage est issue d'une loi naturelle et est "l'union exclusive d'un homme et d'une femme à l'exclusion d'autres personnes…" comment peut-on faire office de référence sachant par ailleurs que la fidélité et la monogamie n'ont rien d'instinctif et que sur 1154 cultures humaines prises en compte par les anthropologues, 980 d'entre elles sont polygames? (3)

Dans la Grèce et la Rome antiques, le mariage était réservé aux patriciens, les plébéiens en étaient exclus. Le mariage servait d'abord à élargir le patrimoine familial. La femme était traitée comme du bétail qu'on échangeait pour des biens. À telle enseigne que le dicton suivant avait cours à l'époque: la femme pour les biens familiaux, les garçons pour l'amour… et les Arabes d'aujourd'hui d'ajouter le melon pour le goût (la joie).

Selon l'ethnologue Helen Fisher, c'est entre le IVème et 1er millénaire avant J.C. que les Sumériens et Assyriens mettent en place les premières formes codifiées d'union. Vers 445 avant J.C. Canuléius, malgré les Cassandres prédisant les pires ignominies, fait voter une loi pour que toutes les classes sociales aient droit au mariage, même entre elles. Et c'est l'empereur Auguste, qui, environ 30 ans avant J.C., a édicté des lois pour rendre le mariage obligatoire. À chaque fois que les dirigeants politiques ou religieux doivent imposer une loi ou émettre un commandement pour régir le comportement humain c'est que la nature ne fait pas les choses telles que l'Homme social le souhaiterait.

Le mariage et la monogamie étaient si peu naturels que ce n'est qu'en 1184, que le pape Lucien 111 consacre le mariage comme sacrement et exhorte à la monogamie. (4) L'Église prend alors le contrôle du mariage et c'est avec la révolution française de 1789 qu'il sera sécularisé de nouveau étant défini comme un contrat civil entre deux personnes autonomes. Mais il reste difficile de donner une jour "J" pour le mariage.(5) De plus, l'union entre un homme et une femme était tellement loin d'être une condition sine qua non au mariage, que l'Église catholique jusqu'au XIVème siècle, avait des rites liturgiques pour le mariage entre personnes de même sexe.(6)

Lorsque les colons blancs et les missionnaires sont arrivés en Amérique du nord ils ont découvert plus qu'un nouveau continent. À leur grand étonnement les Amérindiens avaient une saine acceptation inconditionnelle des homosexuel(le)s appelé(e)s Berdaches. Ces derniers étaient même considérés comme des demi-dieux pouvant servir d'intermédiaires entre les Esprits et les membres de la tribu. De plus les Berdaches pouvaient partager le "tepee" du plus valeureux guerrier, (comme mari et femme) sans que ça pose problème. Les Amérindiens n'étaient-ils pas plus près de la nature que n'importe quel Européen venu les convertir? Inutile de mentionner que les premiers à être excisés du nouveau monde, sous prétexte de folie, furent ces mêmes Berdaches. Et c'est justement cet aspect naturel de leur culture qui a causé leur quasi élimination du continent. (7) La société amérindienne considérait la sexualité ainsi que le plaisir lui étant rattaché comme un cadeau des Esprits. La famille avait un sens très large ce qui faisait que la copulation n'était pas limitée à une seule femme. De là une société matriarcale. Alors pour ce qui est de la soi-disant immuabilité naturelle du concept du mariage, on repassera.

Ce qui était considéré comme naturel hier, ne l'est plus aujourd'hui. Serait-il possible que pour le meilleur ou pour le pire, les conceptions évoluent? Que rien ne soit coulé éternellement dans le ciment des conventions sociales? Que tout ce qui concerne l'organisation et la gestion de la société soit le fruit de la volonté humaine?

Les tenants de la loi naturelle (qu'ils travestissent à leur manière) ne peuvent admettre que " ..les finalités de la nature [ne] sont écrasantes que parce que l'on veut les réduire au silence et que l'on évacue avec elles tout ce qui nous définit comme êtres humains." (8)La nature a une infinité de façons de s'exprimer. C'est l'humain qui au nom de différentes idéologies essaie de l'encadrer, voire même parfois d'en occulter certaines facettes fondamentales et "..le différent s'il n'est pas reconnu est toujours une menace." (9)



La loi divine



Quand l'argumentaire de " la loi naturelle " ne tient plus on se rabat sur la volonté de Dieu et les "saintes écritures" pour justifier son opposition au mariage entre personnes de même sexe et ainsi camoufler son homophobie sous d'onctueux sophismes. Faut reconnaître que l'idée de dieu prend sa source dans la soif d'absolu et au besoin d'éternité en voulant prolonger sa vie après la mort. Comme le signale Carl G. Jung " la peur est plus dangereuse que la haine ou la colère" et que contrairement à la science " le genre religieux est un vent qui souffle où il veut."(10) Il n'est donc pas étonnant que comme l'a découvert le fameux psychanalyste D.W. Winnicott que le siège de la religion soit situé au même endroit dans le cerveau que la créativité et le rêve, appelé aire de jeu. (11) Et Jung de poursuivre que Dieu est une image intellectuelle dont le centre est partout et la circonférence nulle part. L'humain se créant de toutes pièces un Dieu parfait, seuls ses manants terrestres peuvent être fautifs. L'Homme a besoin d'être rassuré, de ne pas laisser prise à l'angoisse de l'inconnu, alors " toutes les fois qu'il rencontre une chose très mystérieuse, il projette ses conceptions subjectivisées, sans la moindre auto-critique." (12) Ce n'est pas tout le monde qui est capable de se comporter en adulte et de "reconnaître sans trop souffrir, que le «Père Noël» n'existe pas [Et] d'apprendre à vivre dans le doute et l'incertitude." (13)

Il n'est pas de discussion rationnelle possible avec les théistes car quand on croit posséder la vérité, qu'on se dit directement inspiré de Dieu ou pire quand on se dit représenter la volonté de Dieu ici bas, on a de comptes à rendre à personne. Crois ou brûle!

Les Églises ont eu le don d'exploiter les carences affectives, intellectuelles, psychologiques, économiques des gens, surtout chez les plus démunis. Elles sont même devenues maître dans l'art de s'imposer à force de manigances, de tromperies, de demi-vérités et de demi-mensonges, refusant l'égalité dans la différence, le tout basé sur des écrits reflétant des valeurs culturelles vieilles d'au moins 4000 ans, interprétés à travers le prisme déformant de la foi. Que les religions comme les dieux soient une création de l'Homme est d'une évidence qu'on oublie trop souvent. La croyance en Dieu a le même effet psychologique que de siffler dans le noir pour évacuer ses peurs. C'est pourquoi, chez les pleutres de l'inconnu, les rites et les dogmes religieux sont sources d'hygiène mentale.

Il est très désolant que même après l'hypothétique "bug" de l'an 2000, il en est encore pour croire au créationnisme. Des gens pour qui Galilée, Spinoza ou Darwin sont des figures du diable. Ils ne peuvent admettre la connaissance vérifiable. "Reconnaître que plusieurs sociétés occidentales du passé - et sans doute la majorité d'entre elles – ont institutionnalisé une forme quelconque d'union homosexuelle sentimentale, nous offre une vision beaucoup plus exacte de l'immense variété des relations sentimentales humaines et des réactions sociales qu'elles ont suscitées que nous n'en aurions en refusant de croire, par pruderie, que des choses aussi «innommables» aient pu exister." (14) Du côté des dirigeants cléricaux, qui ont une influence directe sur les piétistes on ne prend pas en considération les faits historiques de peur de voir détruire leur théorie que le mariage tel qu'on le connaît aujourd'hui avec la finalité que les âmes religieuses lui accolent " en tant qu'union de l'homme et de la femme, existait bien avant les grandes religions actuelles et qu'il est ainsi depuis les débuts de l'humanité parce qu'il s'appuie sur la loi naturelle." (15) Dans une seule et même phrase on retrouve toute la panoplie possible et impossible de faussetés véhiculées par les «représentants de Dieu» sur terre ayant reçu leurs connaissances de la langue de feu descendue sur les apôtres après l'ascension de Jésus-Christ au ciel (avec ou sans son prépuce?) et qui leur donne le droit de dire n'importe quoi sans appuyer leurs assertions de références sérieuses. Ils se basent sur une intuition philosophique provenant de la sagesse séculaire de l'Église. Ils proposent toutes sortes de projections apocalyptiques sur le devenir d'une société qui reconnaîtrait légalement le mariage de personnes homosexuelles. " …le mariage entre personnes du même sexe peut être nocif pour l'éducation des enfants et les rendre confus à leur propre réalité" (16) Ou encore que " d'ouvrir le mariage aux personnes de même sexe entraînera une diminution importante de la valeur du mariage traditionnel comme étant la base de la famille et une institution essentielle pour l'équilibre de la société."(17) Et puis quoi encore!?!

Le refus au droit à l'égalité pleine et entière aux homosexuels, a des relents fin moyenâgeux où un certain Grégoire IX donnait le ton au genre d'élucubrations que nous entendons encore aujourd'hui: "…car si le juste Seigneur punira ceux qu'excusent en quelque manière l'inconstance et la fragilité de leur nature, qu'elle décision prendra l'arbitre du salut et de la damnation éternels touchant les ennemis de la nature, qui faussent l'usage naturel? Quand ces êtres abominables – méprisables aux yeux du monde, odieux au conseil des êtres célestes, sauvages et pire que presque tous les animaux vivants, dépourvus de raison, fermés à la douceur de la nature, privés de la lumière intérieure et incapables de distinguer un sexe de l'autre (sic) – se présenteront au jour du jugement terrible, le Seigneur n'ordonnera-t-il pas qu'ils soient tourmentés dans les enfers par des châtiments inconcevables, pires que ceux réservés à tous les autres maudits."(18) Et dire que cette bulle papale était écrite sous l'inspiration de l'Esprit Saint! Nous en retrouvons des séquelles dans certains propos que tiennent encore des personnes aussi éclairées que l'ineffable Fred Henry, Évêque de Calgary lorsqu'il dit que "Jean Chrétien met en péril son repos éternel….Je crois que sa place au paradis est en danger. Il est en train de commettre une grave erreur sur le plan de la morale et il ne respecte pas la volonté de Dieu."(19)

La sexualité a presque toujours été une source d'appréhension pour les chrétiens. L'Église a de tous temps préféré la virginité à la sexualité active, commençant par les écrits de Saint-Paul qui dit que " la meilleure condition pour l'homme autant que pour la femme est de rester célibataire" en passant par Saint-Jérôme pour qui " le mariage remplit la terre, la virginité remplit le paradis" prônant même l'abstinence sexuelle dans le mariage. Selon ce dernier, le mariage détourne de la sagesse. Comme l'Église doit malgré elle suivre l'évolution sociale, (et concernant la sexualité elle livre une bataille qui ne sera jamais gagnée) le but avoué de la sacralisation du mariage était de contrôler la sexualité car pour ses penseurs les pulsions libidineuses sont instillées par le Malin. Toujours en étant à la remorque de l'évolution sociale, Pie XII a finalement reconnu en 1951 comme naturelle la recherche du plaisir entre deux conjoints dans leurs relations dyadiques. Mais il n'en demeure pas moins que pour la chrétienté l'esprit et la chair sont deux ennemies irréconciliables. La sexualité n'étant tolérée que pour des fins reproductives… et encore par défaut.

Pour nous parler d'équilibre de la personne humaine on envoie au front l'Évêque auxiliaire de Québec, arborant son diplôme en psychologie mais parlant en tant que théologien. Pour lui " la nature humaine n'est pas parfaite depuis le péché originel"(sic) et " l'homme est fait d'un corps, d'une intelligence, d'une sensibilité, d'une spiritualité. Le défi c'est de vivre en équilibre à travers toutes ces dimensions là. Quand un élément est déséquilibré il faut aider la personne à cheminer, à grandir." (20) Est-il plus grand déséquilibre que de se couper volontairement de la sexualité, source de la vie, pour en prôner l'abstinence? Faut vraiment ne pas avoir résolu ses complexes d'Oedipe ou d'Électre pour se fabriquer de toutes pièces des Mères et des Pères parfaits sous forme de déités. Faut être profondément troublé pour avoir une morbide fixité sur la répugnance à une sexualité active.

De plus, on essaie de nous faire croire que l'homosexualité peut être une pulsion sexuelle acquise. Ou encore qu'on peut en guérir. Pire, que "l'homosexualité est une déviance. Elle résulte d'une blessure profonde. Les gars que j'ai connus avaient tous subis des traumatismes: agression sexuelle, violence." (21)
Est-ce qu'il y a un psychanalyste (un vrai) dans la salle?!?

La position de l'Église catholique et de ses quelques fidèles vis à vis le mariage de conjoints de même sexe rappelle les luttes menées contre l'esclavage et la ségrégation raciale; celle du droit de vote aux femmes et de toutes autres formes de libération ou d'affirmation. Pour ces gens, les noirs on les aime en autant qu'ils soient esclaves et les femmes sont parfaitement égales tant qu'elles demeurent dans leur cuisine. Qu'on se rappelle la lutte des obscurantistes contre le droit à l'adoption des enfants légitimes, contre la loi sur la protection de la jeunesse, contre la loi sur le divorce et dernièrement contre celle sur l'union civile. Sans parler de la lutte contre le droit à la contraception et de l'avortement. Tous des combats d'arrière garde menés par les mêmes personnes qui aujourd'hui s'opposent à la légalisation du mariage pour les personnes homosexuelles. Mais elles disent néanmoins avoir " ..un grand respect pour les gais, c'est l'action homosexuelle qui[ les] dérange.." (22) En d'autres mots, vous avez le doit d'être ce que vous êtres en autant que vous ne le soyez pas totalement, vivez en eunuques.

Il ne faut pas minimiser l'influence des Églises sur l'imaginaire populaire et ce qui est encore plus dangereux, sur celui des législateurs. Pour G. W. Bush, président de la première puissance mondiale et qui a été élu, tout comme Carter et Reagan, ave l'aide des différents groupes religieux conservateurs: " ...[il] n'oublie pas que nous sommes pécheurs… Mais cela ne veut pas dire que quelqu'un comme moi a besoin de parvenir à un compromis sur la question du mariage." (23) Pour ne pas être en reste notre premier ministre provincial s'est acheté une audience privée pour aller dire à la "super star" de Rome, le plus homophobe des homophobes, que les Journées Mondiales de la Jeunesse de 2002 ont profondément marqué le Québec et les Québécois. Y a-t-il quelqu'un dont la vie a changé un tant soit peu depuis le rassemblement des jeunes à Toronto? Qu'importe!… Notre frisé national aura connu, pendant l'espace d'un instant, avec sa petite famille, un moment d'extase infini….aux coûts de 1,7 M$ pour la société québécoise.(24)
Heureusement que Jean Chrétien est têtu. Mais Paul Martin….


Le monde doit continuer à se libérer de la dictature de l'innérance des livres saints. Il serait temps que les Églises et leurs "suiveux" aveugles reconnaissent que la sexualité est force centrifuge pour aller vers l'autre et force centripète pour se connecter à soi (25) et que " la baise n'est pas une fin en soi, c'est un moyen de connaître les gens qu'on aime ou qu'on aimerait aimer, de les honorer et d'avoir un peu moins peur des autres en prenant soi-même sa part d'amour." (26)

Il reste un long chemin à parcourir pour les biblistes réactionnaires car ils appuient leur foi (contraire du raisonnement) sur des écrits, selon lesquels la première faute de l'Homme a été de vouloir accéder à la connaissance et à la liberté. Quel genre de crédibilité un être affranchi de "l'unidimensionnalité" manichéenne et réductrice de la pensée religieuse peut-il accorder à ces porte-parole?



La loi civile



Les ardents défenseurs du statut quo prédisent des catastrophes sociales jamais vues si le concept du mariage tel qu'on le connaît était modifié pour inclure les personnes de même sexe. On verrait la fin de la stabilité sociale. Les enfants vivants avec des couples de même sexe seraient perturbés à jamais. Le pays deviendrait un autre Sodome. La survie de l'espèce serait menacée. Les foudres de Dieu s'abattraient sur le peuple canadien. Toutes choses aussi farfelues les unes que les autres et contredites dans les faits quand on se donne la peine de coller un tant soit peu à la réalité.

Disons que le mariage est assez récent si on tient compte que la branche de l'Homo Sapiens s'est détachée de celle du chimpanzé il y a environ cinq (5) millions d'années. Le mariage étant oeuvre humaine, sa forme et sa fonction ont été et peuvent encore être modifiées selon les conjonctures. En ce qui a trait aux enfants qui subiraient un traumatisme irréparable en partageant la vie d'un couple homosexuel, les recherches et études de Michel Dorais de l'Université Laval et Danielle Julien de l'UQAM, entre autres, prouvent le contraire.(27) C'est quand on ne nomme pas les choses qu'elles se dérobent à toutes analyses et ne peuvent être correctement décrites. La Hollande et la Belgique qui ont accordé les mêmes droits au mariage aux homosexuels qu'au reste de la société, même celui d'adopter des enfants du pays (Hollande) ne semble pas en souffrir plus que le Canada qui n'a pas encore légalisé le droit au mariage gay. De plus, dans nos sociétés occidentales le mariage ne fonde plus les couples, au mieux, il leur succède. Les statistiques sont très éloquentes à ce sujet tant pour la vie à deux que la finalité traditionnelle du mariage. En France, 95% des femmes âgées de 20-44 ont recours à un moyen contraceptif. Sur 485,000 couples qui se forment chaque année seulement 65,000 se marient sans avoir expérimenté la vie en commun. Aujourd'hui, parmi les premières naissances 55% se font hors mariage comparativement à 6% en 1967. Au Québec les unions libres et les unions maritales sont tellement jugées équivalentes que les statistiques les confondent. Mais quand même, on découvre, selon le recensement de 2001, qu'on compte plus d'un demi-million de couples vivant en union libre comprenant les couples de même sexe. Parmi les couples de même sexe on retrouve 12 695 hommes et 8 030 femmes.(28) Les mentalités on changé depuis les vingt-cinq dernières années à tel point qu'une enquête de Dumas et Bélanger (1995) a révélé qu'environ les deux tiers (64%) des personnes de 25-34 ans vivent ou ont vécu en union libre. On estime que 60% des personnes de 35-39 et 45% des personnes de 40-44 ans ont connu l'union libre. Ce comportement est donc devenu le plus courant parmi les générations nées depuis le milieu des années 1950.(29) Environ le tiers des hommes et des femmes de 15 ans et plus vivent en union libre, toujours selon le recensement de 2001.

C'est donc dire que le mariage n'est plus le l'endroit obligé pour la légitimation des relations sexuelles, pour que la femme passe de fille à épouse à mère et le garçon de fils à époux à père.

Il est évident que le mariage ne joue plus le rôle qu'on lui avait attribué lors de sa conception originale. La libre pensée s'est débarrassée de l'esclavage du dogme et les gens s'approprient leur vie en la voulant la plus heureuse possible sans désir immanent à la souffrance. La vie doit être festive et apporter le plus de joie terrestres possible.

Toutes sortes d'unions ont remplacé le mariage dans une quantité de pays dits avancés. Outre la Hollande et la Belgique citées plus haut, le Danemark, la Norvège, la Suède, les Pays-Bas, la France, l'Espagne, le Portugal, l'Allemagne ont adopté des législations permettant à des couples de vivre en dehors des liens du mariage en toute légalité. Le processus de légalisation et de légitimation des couples hors mariage sera de plus en plus accentué avec une nette ouverture pour les couples de même sexe puisque " la cour européenne des droits de l'Homme de Strasbourg a même tranché en juillet 2002 en faveur des mariages transsexuels dans deux arrêts rendus au motif que chacun a «droit de se marie et de fonder une famille»"(30)

En ce qui a trait au danger de déstabiliser la société par l'accession des homosexuel(le)s au mariage, n'est rien de moins qu'une vue de l'esprit complètement loufoque.

L'ensemble de la population québécoise voit si peu probable ce danger d'éclatement de la société en regard au mariage gay que lors d'un sondage effectué du 12 juin au 6 juillet 2003, 60% des répondants se sont montrés favorables à l'idée. Même ceux et celles qui se disent catholiques ne sont pas en reste puisque 56% d'entre eux/elles sont en faveur de la modification de la définition du mariage. Les plus réticents sont les personnes de 60 ans et plus qui s'y opposent à hauteur de 64%. Leur endoctrinement religieux a tellement été intense que de leur propre aveu ils ne peuvent se débarrasser complètement des notions qu'on leur a imposées dans leur jeunesse. Les gens instruits et qui ont un meilleur revenu sont en très grande majorité en faveur du droit au mariage homosexuel.(31) Même aux Etats-Unis les choses commencent à changer puisque 6 juges sur 9 de la cour suprême sont contre les lois interdisant la sodomie.

La définition du mariage par le ministre Cauchon apparaît respectueuse du droit à la dignité de chacun en «étant , sur le plan civil, l'union de deux personnes à l'exclusivité de toute autre personne». Mais n'oublions pas néanmoins que l'essence de la discussion porte sur le DROIT au mariage et non pas sur le mariage lui-même, nonobstant que ce droit change certaines façons de percevoir les unions maritales. Pour les passéistes religieux et les Églises leurs croyances sont aussi protégées puisqu'ils ne seront pas obliger de célébrer les mariages qu'ils ne veulent pas célébrer.

Mais parions que, comme pour le reste, à force de raison libre et éclairée, la cohorte de l'immobilisme joindra les rangs de la majorité civile.



Conclusion



Le projet de loi sur le mariage des personnes de même sexe ne promet rien d'autre que d'être un outil civil pour ceux et celles qui veulent s'en prévaloir. Ça n'enlève aucun droit à quiconque. Personne n'est obligé de l'utiliser ou de l'appliquer. Il est faux de claironner sur tous les toits que les gays veulent du mariage. Ce que les gays veulent ce sont les mêmes droits que les autres membres de la société devenant par le fait même reconnus comme égaux et citoyens à part entière.

Les constitutions et les Chartes des droits et libertés sont les remparts contre lesquels viennent s'écrabouiller les attitudes et les actions sexistes, ségrégationnistes, discriminatoires, racistes enfin tout ce qui permettrait à une majorité d'abuser de la puissance du nombre au détriment de la dignité d'une minorité. Dans ce cas-ci il nous est permis de soupçonner les adversaires du droit au mariage des personnes de même sexe ont surtout peur que l'homosexualité soit un jour considérée comme normale. Les raisons qui ont amenés diverses civilisations à opter pour le mariage tel que nous le connaissons n'existent plus. La démographie mondiale n'est pas en danger. Le sexe et l'amour font de moins en moins peur à la majorité des gens.

Dans le présent débat, tout le monde a droit de parole, mais personnes n'a le droit de menacer quiconque de représailles et d'induire quiconque en erreur. Le droit à l'égalité pour tous est une lutte à finir. N'oublions pas que chaque politicien, en général, a la conscience aussi élastique que le nombre de votes que sa prise de position peut lui attirer.

L'égalité n'exclue pas la différence et la différence n'exclue pas l'égalité.

" I had a dream..."






Notes

1- Site Web du diocèse de Québec, août 2003
2- Psys et biologistes s'affrontent sur le sexe, La Presse 26-02-03, B-4
3- L'animal morale, étude, Robert Wright, p.395
4- Histoire du mariage, Sabine Melchior-Brunet, Catherine Scelles, Éditions de la Martinière, 2000, p.42
5- Mariage, sexe et tradition, Pascale Wattier, Olivier Picard, Plon, 2002, p.72
6- Les Unions du même sexe dans l'Empire antique et médiévale 1994 et Christianisme, tolérance sociale et homosexualité 1985
7- The Berdache spirit, Susan Parker, The Berdache tradition, Berdache origin Myth, Richard L. Dieterle, What are Two-spirits/Berdache? ,Will Roscoe, Two spirit people Nadleeh Berdache in American culture, DRK. (voir la Toile)
Moeurs et histoire des Indiens d'Amérique du Nord, René Théverin/Paul Coze, Petite bibliothèque Fayot
8- La rouge différence, F. Morin, Éditions du Seuil, 1982 p. 186
9- Ibid p.30
10- Psychologie et religion, Carl G. Jung, Buchet-Chastel, 1958, p. 100
11- Jeu et réalité, D.W. Winnicott, Gallimard, 1975
12- Psychologie et religion, op. cité
13- L'espace prend la forme de mon regard, Hubert Reeves, Éditions du Seuil, 1999, p.66
14- Les Unions de même sexe dans l'Empire antique et médiéval, Fayard, 1994, p. 298
15- Diocèse de Québec, op. cité
16- Real Women et Focus on the famuly, La Presse 08-07-03
17- Lettre à Jean Chrétien, Marcel Gervais, Archevêque d'Ottawa, La Presse, 18-07-03
18- Christianisme, tolérance sociale et homosexualité, Gallimard, 1985, p.370
19- La Presse 01=08-03
20- Le Soleil 10-08-03
21- La Presse, Patrick Allaire, étudiant au Grand Séminaire de Québec (31 ans) 02-08-03
22- Conférence des Évêques catholiques du Canada, La Presse 02-08-03
23- La Presse 31-07-03
24- Le gouvernement Charest a décidé de ne pas réclamer ce montant à l'Église catholique du Québec suite au fiasco des JMJ
25- Les Météores, Michel Tournier, Gallimard, 1975
26- La rouge différence op cité p. 114
27- Conférence Michel Dorais professeur et chercheur U.L., 30-09-03 Québec
28- La situation démographique du Québec, bilan 2002, institut de la statistique du Québec p.104
29- Ibid, p. 106
30- Mariage sexe et tradition, op cité p.20
31- National Post, 06-08-03



Yves Gauthier (Québec)

www.chez.com/anima21

Septembre 2003




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J'me peux pus!!!


La ville de Québec a un nouvel archevêque. Par le fait même, le Canada a un nouveau primat de l'Église catholique. Alléluia!

Ouellet est le 23ème successeur en ligne directe de François Montmorency de Laval, premier évêque de Nouvelle-France.

Marc Ouellet succède donc à Maurice Couture qui, lui, succédait à… Tous semblables, répondant à l'appel.

Je suis en liesse. Alléluia!

"J'me peux pus", d'autant qu'il est l'homme désigné par Jean-Paul le second. Plus privilégié que ça tu meurs!

Je me suis permis de jeter un coup d'œil (car n'étant pas invité) à l'intronisation officielle de Ouellet en tant qu'archevêque dans l'historique cathédrale de Québec. J'ai été éberlué.

Le Moyen-Âge est tellement fabuleux!

Fallait voir tous ces pontifes mitrés de rouge et de blanc, engoncés dans leur quant-à-soi, affublés de leurs robes empourprées et de leurs bijoux dorés, fiers de leur illusion sacrée. J'ai été presque sidéré.

Le Moyen-Âge c'est tellement impressionnant!

Et quelle est la priorité du nouveau monseigneur-prosélyte-missionnaire- porteur-de-la-vérité? Rien de moins que la reconquête de la jeunesse en passant par l'endoctrinement des enfants.

Quelle est la plus précieuse valeur qui sera mise de l'avant? Rien d'autre que la continence et la chasteté telles que supposément pratiquées par Jésus lors de son non moins supposé passage sur terre.

D'abord que sait-il vraiment de sa continence et de sa chasteté?

Et deuxièmement en quoi sa névrotique obsession de la sexualité devrait redevenir la norme pour tous ceux et celles qui ont réglé leur complexe d'Oedipe ou d'Électre? Pourquoi vouloir enrégimenter les jeunes, qui ne sont pas en âge de faire la part ders choses, venant gonfler les rangs de tous ceux et celles qui se fabriquent des mères et des pères illusoires pour satisfaire leur bancale équilibre psychique?

Le mot d'ordre pour Ouellet est: pas de relations sexuelles en dehors du mariage et encore moins dans une relation homosexuelle. Voilà qui obligerait des millions d'individus à faire fi de la plus grande force créatrice (et pas seulement d'enfants) et rédemptrice présente chez l'être humain. J'en suis ébaubi.

Le Moyen-Âge est tellement éclairé!

Les religions sont au service des pleutres et certains d'entre eux (elles) savent très bien s'en servir pour asservir bon nombre d'adultes-enfants. L'humain, ayant tendance à l'anthropomorphisme, s'est inventé des dieux à son image pour se sécuriser devant l'angoisse de l'inconnu.

Malheureusement, avec Nietzsche, on doit admettre que l'idée de Dieu ne pourra jamais être totalement expurgée de l'être humain-infantilisé car, comme le souligne Hubert Reeves : "devenir adulte c'est reconnaître sans trop souffrir que le Père Noël n'existe pas. C'est apprendre à vivre dans le doute et l'incertitude."1

À défaut d'assumer notre condition d'humain adulte, pourrions-nous au moins faire un effort pour ne pas laisser notre vie être asphyxiée par une bande de peureux qui renient la vraie vie au nom d'un au-delà fictif? Cessons les exemptions fiscales pour toutes les églises.

Le Moyen-Âge a assez duré!

Et on dit que le congrès eucharistique de 2008 devrait se tenir à Québec. Arrêtez! J'me peux vraiment "pus", j'vais orgasmer!

Yves Gauthier (Québec)

www.chez.com/anima21

Janvier 2003


1Hubert Reeves, L'espace prend la forme de mon regard, p.66, Éditions du Seuil




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De polyandrie, de polygynie et de monogamie


Yves GauthierL'humain est le seul être capable de jeter un regard sur lui-même.

Malgré tout, il appartient au règne animal, de la classe des mammifères comptant environ 4300 espèces parmi les 30 millions d'autres espèces des règnes végétal, microbien, etc.

Et toutes ces espèces évoluent constamment depuis des milliards d'années.

Contrairement à la presque totalité des autres espèces, l'humain à développé au fil des ans, comme base de fonctionnement social, la famille nucléaire, se composant d'un couple et de sa progéniture, et ce pour diverses raisons d'ordre génétique, économique et culturel.

L'humain est aussi unique dans sa sexualité puisque les partenaires sont sexuellement réceptifs l'un à l'autre en tout temps et que le plaisir prend une place prépondérante dans l'accouplement.

Pour bien comprendre la sexualité humaine et son évolution nous devons adopter une approche scientifique et faire appel à l'anthropologie, l'éthologie, la paléontologie, la physiologie, l'anatomie, la biologie, l'histoire, la sociologie et toutes les autres sciences pouvant apporter un éclairage crédible sur la question.

Nous sommes donc loin de la théologie (qui malgré son appellation n'est pas une science), de la Genèse biblique et des tenants de la génération spontanée, n'en déplaise à tous les Jean-Paul et Raël de ce monde.


Biologie évolutionniste et économie


Il semble que toutes les espèces aient d'inscrit dans leurs gènes, mâle et femelle, la pulsion reproductrice à tout prix. Le plus grand nombre d'accouplements possible augmentant les chances de propagation des gênes dominants pour la sauvegarde, l'amélioration et l'augmentation numérale de l'espèce. Cette pulsion semble encore plus présente chez le mâle puisqu'il n'a pas la responsabilité de la grossesse.

Dans cette optique, pourquoi un mâle n'irait pas propager ses gênes chez une autre femelle en oestrus lorsque la première est fécondée?

Les recherches montrent que la polygynie et la polyandrie étaient coutumes normales dans la plupart des sociétés humaines traditionnelles (cueilleurs-chasseurs) avant l'apparition d'institutions d'État (avec la domestication de certaines plantes et animaux). Pour des raisons d'ordre économique, les hommes en général n'avaient malgré tout qu'une femme à la fois.

Les sociétés se développant, seuls les très riches, donc les plus habiles, les plus forts, les plus intelligents, etc., pouvaient s'offrir le luxe d'un harem. C'est ainsi que par exemple on a pu nombrer à 1400 la progéniture de l'empereur du Maroc Ismail le Sanguinaire. Question de propagation de gènes, ce n'est pas rien!


Traits culturels


Nous pouvons passer outre les explications de la grosseur des seins et des hanches chez la femme ou du pénis chez l'homme (quatre fois plus volumineux que celui des gorilles), cela faisant aussi partie de l'évolution génétique, et s'attarder au plaisir que la sexualité procure.

Avant de répondre à des diktats religieux, l'humain doit satisfaire des impératifs économiques et sociaux. Plus tard, les dogmes religieux viennent renforcir les ententes sociales et mieux asseoir le pouvoir temporel.

C'est ainsi que l'individu dès sa naissance vit sous le joug de règles morales et sociales se confondant l'une dans l'autre pour assurer une certaine cohésion dans l'évolution de la communauté à laquelle il appartient. Et chaque société a ses propres valeurs.

Les pulsions génétiques et affectives peuvent s'exprimer plus ou moins librement à travers les valeurs culturelles des différentes sociétés.

Depuis des temps immémoriaux, chaque membre est assujetti à la tyrannie de valeurs socio-religieuses, renforçant le pouvoir et l'autorité d'une minorité étant souvent les premiers transgresseurs de ces mêmes valeurs.

Que le regard soit tourné vers Rome ou La Mecque, Charlemagne et Mahomet ne sont pas différents lorsqu'ils imposent leur foi à coups d'épée. Urbain VIII voyant la conception anthropocentriste de l'univers, telle que prêchée par l'Église, menacée par Galilée, n'a pas hésité à le bâillonner, non par le raisonnement et la connaissance scientifique mais par la menace; et que dire de la quasi extermination volontaire des Incas et de leurs croyances par Pizarro, afin qu'un païen, disait-il, ne se moque jamais d'un chrétien. Le Moyen-Âge aura été un terreau on ne peut plus fertile à l'imposition de valeurs culturelles par le biais de l'épée assistée du goupillon.

Bien avant le sport extrême on a connu la religion extrême.

On a utilisé des hermaphrodites-vierges-martyrs à la Jeanne d'Arc pour non seulement,bouter les Anglais hors de France, mais aussi pour bouter le légitime plaisir hors de la sexualité.

Même si les mariages de raison (économiques) étaient encore de mise jusqu'à tout récemment, il ne faudrait pas oublier qu'une Madame Bovary habitait presque toujours dans les parages. C'est ainsi que si l'économique et la propagation des gènes étaient assurés par le mariage, l'affectif et le plaisir l'étaient tout autant par la proximité de l'amant ou l'amante.

Il suffit de se pencher sur l'art de vivre de la noblesse et la bourgeoisie française du XIXème siècle pour bien le comprendre. Et Victor Hugo l'a éloquemment illustré.

Heureusement que, dans les sociétés modernes, l'humain qu'on a tenté de désincarner à coups de pensée unique, de valeurs uniformisantes et de sophismes moraux, redevient de plus en plus humain.

De nos jours, compte tenu de la démographie mondiale; de la perte de vitesse des préceptes religieux; de la vision que l'humain a de son passage sur terre et de l'au-delà; la procréation est moins importante et le plaisir occupe une place quasi prépondérante dans les rapports sexuels. Il est de moins en moins justifiable de cloisonner les rapports sexuels aux seules fins de la procréation et de la solidification des liens affectifs du couple en vue de sauvegarder le nucleus familial. Celui-ci étant d'ailleurs de plus en plus élargi.

"L'inaccessible étoile" qu'est l'AMOUR ne restera qu'un absolu jamais atteignable, pour des êtres aussi relatifs que sont les humains.

Alors, qu'est-ce qui pousse les homosexuels à adopter un comportement identifié à la majorité en matière de vie conjugale, alors que leur finalité sexuelle est différente des hétérosexuels?

La culture, simplement la culture.

Des traits culturels de possession, de domination, de sécurité économique, de servilité, de confort sexuel et émotif, de crainte, du besoin quasi incoercible de reconnaissance par un autre, viendront pour quelques générations encore hanter les rapports entre les personnes ou couples de toutes sortes.

Il serait peut-être temps de s'émanciper et de se doter de façons de voir et d'agir plus conformes au besoin individuel inné de l'être humain, soit de goûter aux plaisirs de la vie au maximum, sans pour autant porter préjudice à quiconque tout en conservant une certaine cohésion sociale.

Les homosexuels sont bien placés pour mettre de côté les tabous imposés par la société hétérosexuelle. Ils peuvent créer leurs propres valeurs, leur façon de vivre leurs relations affectives avec le minimum de contraintes. Et pourquoi pas la polyandrie et la polygynie?

Car qui peut prétendre être capable de satisfaire tous les besoins de l'autre tout le temps? À moins bien sûr que l'autre soit une carpette.

Mais gardons-nous de vouloir faire du mur à mur. Laissons chacun libre de choisir sa voie de la façon qui lui convient dans le plus grand respect des différences... même si parfois ça peut nous paraître agaçant.

Note: pour en savoir plus, les lecteurs peuvent consulter entre autres les ouvrages suivants:

Jared Diamond: Pourquoi l'amour est un plaisir; Le troisième chimpanzé; De l'inégalité parmi les sociétés.

Borys Cyrulnik: Les nourritures affectives.


Yves Gauthier (Québec)

www.chez.com/anima21

Février 2003






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